Les confréries au Sénégal

Confreries au Sénégal

Le Sénégal est très attaché aux us et coutumes. Ainsi, il est donc fréquent que plus que l’ethnie, l’appartenance à une confession religieuse dicte l’identité d’une personne. Les confréries ont donc une place extrêmement importante au Sénégal.

Pour la grande majorité des musulmans du Sénégal, les confréries représentent en quelque sorte le clergé de l’islam. Chacune ayant ses priorités dans leur interprétation du Coran. 

Trois grandes confréries dominent le paysage religieux au Sénégal : 

  • La confrérie tidjane appelée communément le tidjanisme. Un dogme religieux qui a tendance à adopter un mode de vie très sain et simple. 
  • La confrérie mouride qui met en avant l’importance du travail et représente une grande puissance économique dans le pays. Le mouridisme est le seul à suivre une voie ouverte par un Sénégalais (cheikh Ahmadou Bamba).
  • La confrérie Layenne nommée la Layeniyya est une voie soufie née au Sénégal au sein de la communauté lébou. Elle a été fondée par Seydina Limamou Laye et représente environ 6 % de la population sénégalaise.

Le Tidjanisme

Tidjanisme Sénégal
Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, Né en 1927 à Tivaoune, décédé 22 septembre 2017 à l’âge de 90 ans.

Naissance du Tidjanisme

La confrérie tidjane (la tidjaniya), originaire du XIIe siècle et qui vient de la quadiria de Bagdad. Elle fait son apparition au Sénégal au XIXe siècle par l’intermédiaire d’El-Hadj Omar Tall. Formé aux préceptes de l’islam dès son plus jeune âge, Omar Tall devient khalife de l’Afrique de l’Ouest. Et cela, par les plus grands khalifes tidjanes arabes.

Il donnera un tournant à la confrérie. Puisqu’il interprète à sa manière le coranique droit des musulmans de se défendre par les armes.

Il lance un djihad (guerre sainte) contre les hérétiques de tous bords. Il convertit par les armes et finit bien sûr par s’opposer aux colons. Partout, il répand le message tidjane.

Dans cette cosmogonie, l’obéissance au cheikh se doit d’être totale, et toute une série d’étapes pratiques ponctue la vie des fidèles dans l’imitation des comportements du prophète Mouhammed. A la clef, la connaissance notamment intuitive et l’illumination. Si El-Hadj Omar Tall donne ses premières lettres de noblesse à la confrérie, c’est son successeur, Malick Sy, qui, au début du XXe siècle, tisse véritablement la toile de l’ordre qui est aujourd’hui parmi les premiers du Sénégal.

Par ailleurs, un ordre réformiste obéissant aux mêmes préceptes tidjanes a été créé par l’imam de Dakar. Il a pour but à la fois d’adapter la confrérie aux modes de vie de la société moderne. Mais aussi de la dépolluer du pouvoir croissant exercé par les marabouts locaux.

Les descendants du Tidjanisme

Au Sénégal, deux dynasties familiales relaient le message spirituel de la Tijaniyya (tidjanisme)

  • Les descendants d’El Hadj Malick Sy, établis à Tivaouane, et héritier le plus direct d’El Hadj Oumar Tall (le grand marabout de la zaouïa fut Seydou Nourou Tall, un de ses descendants). Héritier de EL Hadji Oumar, il opta pour l’enseignement et la décentralisation. De son école, sortirent plus de 700 muqaddams. Ils furent orientés dans tous les coins du Sénégal. Et même des autres pays de la colonie: Amadou Bouya GUEYE, en Côte d’Ivoire, Ndary MBAYE au Gabon, 
  • Les descendants d’El Hadj Abdoulaye Niasse ont pris pour siège la ville de Kaolack, comme cheikh Ibrahim Niass. Il jouera un rôle majeur dans son rayonnement en dehors du Sénégal. Cette branche dite « niassène » ou ibrahimiyya demeure la plus dynamique. Elle a des liens transnationaux forts (contrairement à Tivaouane, essentiellement sénégalaise). Parmi eux, de nombreux adeptes au Niger (Kiota), au Ghana et dans le nord du Nigeria (Kano).

Au Sénégal, il est possible de visiter la cité de Tivaouane où se trouve le tombeau de celui qui a vulgarisé le tidjanisme dans ce pays, El Hadji Malick SY.

Le Mouridisme 

Serigne Mountakha Mbacké, khalife général des mourides (Sénégal)

Naissance du Mouridisme

La confrérie mouride (mouridisme) est l’héritage spirituel d’un homme sénégalais et noir.

Dans sa quête d’absolu, Cheikh Ahmadou Bamba fut d’abord initié au travers de la tidjaniya et d’autres mouvements musulmans avant, disent ses disciples, de voir l’apparition du prophète. Celui-ci lui donna aussi la permission de fonder sa propre voie spirituelle.

Cheikh Ahmadou Bamba fut avant tout réputé pour ses qualités de saint homme, non seulement parce qu’il était fils du marabout ayant converti Lat Dior Diop et qu’il a épousé sa fille, mais aussi parce qu’à toutes les méfiances et accusations du gouvernement colonial, il a toujours opposé une résistance pacifique.

En 1885 à Berlin, les grandes puissances se partagèrent entre elles les régions de l’Afrique.

L’histoire ayant prouvé que l’islam pouvait être synonyme de danger et Lat Dior Diop un récalcitrant dur à maîtriser, le pouvoir colonial vit dans la popularité de cheikh Ahmadou Bamba une descendance de résistances passées. La solution à cela était donc de déstabiliser cette force politique d’opposition. Mais, en le forçant à déménager dans le Djolof, en le déportant au Gabon, puis en Mauritanie, les Français accrurent encore sa popularité tout en lui donnant une étiquette d’anticolonialiste. Sa philosophie fut essentiellement pragmatique et liée au travail.

Outre les devoirs du Coran, il recommanda également un contact fort avec le réel. Faire avec ses mains le plus de bien possible devait mener à la stabilité, et de la stabilité découlait l’équilibre.

Le personnage rayonnant, déjà adulé des foules et suivi par d’importantes figures de la vie politique et économique pour ses idées. La persistance du gouvernement à voir en lui un opposant, son calme et son charisme naturel, tout cela lui valut de rallier des fidèles par milliers, y compris de riches hommes d’affaires. 

Un peu plus tard, pour mieux élargir son emprise sur la production d’arachide dont les principaux acteurs étaient mourides, le pouvoir français finit par tolérer cheikh Ahmadou Bamba.

Les descendants du Mouridisme

Après la disparition d’Ahmadou Bamba en 1927, cinq de ses fils lui succèdent aussi comme « califes » par ordre d’âge. Après le décès du dernier de ses fils en 2007, les petits-fils du fondateur accèdent au califat.

Ce sont :

  • Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké (1927 – 1945)
  • Cheikh Mouhammadou Fadl Mbacké (1945 – 1968)
  • Cheikh Abdoul Ahad Mbacké (1968 – 1989)
  • Cheikh Abdou Khadre Mbacké (1989 – 1990)
  • Cheikh Saliou Mbacké (1990 – 2007)
  • Cheikh Mouhammadoul Amin Bara Falilou Mbacké (2007 – 2010)
  • Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké (2010 – 2018)
  • Cheikh Mouhamadou Mountakha Mbacké (Depuis 2018)

Il est dit que dans l’organisation des décideurs du pays, les confréries ont plus de pouvoir que la classe politique. Jusqu’à récemment, les hommes politiques faisaient les yeux doux aux cheikhs et aux marabouts qui appelaient à voter pour l’un ou l’autre des partis par des ndigeul (consignes). Et cela principalement lors du Magal de Touba.

 Il existe également des confréries minoritaires, qui se veulent tenantes de « l’orthodoxie musulmane » et selon ses adeptes, bannit les « pratiques magiques s’adressant à une sorte de divinité capable d’intervenir en bien ou en mal dans les affaires des hommes ».

Parmi elles la confrérie des layènes localisée principalement à Yoff, à Ngor et à Cambérène ainsi qu’à Rufisque, anciens villages de pêcheurs.

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